Diagnostic du ruisseau des Trois Chevaliers

Lien naturel et chargé de l’histoire des communes de Torpes et d’Osselle-Routelle, le ruisseau des 3 Chevaliers fait actuellement l’objet de toutes les attentions …

Les différents acteurs du territoire, engagés sur les thématiques de l’eau et de la préservation des milieux aquatiques, que sont Grand Besançon Métropole, l’Agence de l’Eau, le Département du Doubs ainsi que la Fédération du Doubs pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique ont convenu de l’intérêt de financer et d’engager le diagnostic hydroécologique du ruisseau du ruisseau des 3 Chevaliers.

Cette décision intervient dans le cadre du Contrat de rivière Vallée du Doubs et Territoires associés et d’une convention de partenariat entre GBM et la Fédération.

Les objectifs de l’étude sont multiples :

  • Comprendre la dynamique alluviale, morphologique et habitationnelle du ruisseau.
  • Appréhender le fonctionnement biologique à travers l’étude des peuplements d’invertébrés aquatiques (insectes, mollusques, crustacés, etc …) et piscicoles.
  • Evaluer la qualité physico-chimique du ruisseau (prélèvements d’eau et de sédiments pour analyses en laboratoire de 250 paramètres et molécules).
  • Cerner les pressions exercées sur le ruisseau et son bassin versant, passées (recherches historiques aux archives départementales, personnes ressources localement, …) et actuelles (observations de terrain, recensement des usages et des pratiques, rejets, …).

Il sera alors permis de définir l’état de conservation écologique du ruisseau, puis de hiérarchiser et de circonscrire les causes des dysfonctionnements le cas échéant.

Cette démarche, au-delà du partage des éléments de connaissance sur le fonctionnement du ruisseau des 3 Chevaliers avec les habitants, les propriétaires riverains, les usagers et les élus du bassin versant, permettra de dégager des possibilités d’améliorations écologiques. Celles-ci seront centrées sur les aspects liés à la ressource en eau (renaturation du ruisseau et des zones humides, qualité de l’eau).

Une année et demie est nécessaire pour la bonne conduite de ce diagnostic d’ores et déjà engagé. Les premiers résultats sont attendus en fin d’année.

Une restitution et des visites sur le terrain pourront être organisées courant de l’année prochaine.

Pour plus d’informations, témoignages, renseignements historiques ou documents d’archives liés au ruisseau :

Thomas GROUBATCH

Fédération du Doubs pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique tgroubatch@federation-peche-doubs.org

La morphologie des cours d’eau ? c’est quoi ?

La morphologie des cours d’eau correspond à la forme que les rivières adoptent en fonction des conditions climatiques et géologiques (nature du sol, débit, pente, granulométrie du fond, etc.) mais également en fonction des aménagements que l’Homme a mis en place sur ces cours d’eau. Leur aspect évolue ainsi d’amont en aval mais également de façon latérale. De manière générale, nous avons l’impression que les rivières ont un cours dont le tracé évolue peu. Cela s’explique par le fait que les cours d’eau sont en perpétuelle recherche d’un équilibre entre la forme de leur lit et leurs débits. Il s’agit en fait d’un équilibre dynamique. Un cours d’eau est en équilibre constant avec sa nappe d’accompagnement située dans les sols des terrains riverains du cours d’eau. Plus un cours d’eau est en équilibre morphologique fonctionnelle, plus sa nappe d’accompagnement sera importante, plus la ressource disponible pour l’environnement (forêt, oiseaux, mammifères, grenouilles, …) et les usages (eaux potables, agricultures, …) sera grande.

Un bonne qualité morphologie est gage d’une diversité biologique importante et résiliente, mais également d’une ressource en eau abondante ! Un cours d’eau en bon état de conservation morphologique est un excellent rempart contre la sécheresse et le changement climatique.

La qualité de l’eau ? pourquoi faire ?

Parce que l’eau des rivières et de leurs nappes d’accompagnement représente la majeure partie de l’eau qui arrive à notre robinet !

Plus l’eau des rivières et des nappes est propre, plus l’eau que nous buvons sera exempt de traitement pour la rendre potable. La facture liée à notre consommation sera de fait moins élevée.

Une rivière aux eaux claires, limpides et sans pollutions sera capable d’héberger une biodiversité riche et résiliente.

On étudie la qualité de l’eau d’une rivière à l’aide d’indicateurs physico-chimiques et biologiques, les poissons et les invertébrés aquatiques sont en effet des intégrateurs des conditions de vie dans les rivières.


L’année dernière, nous vous annoncions le lancement du diagnostic hydroécologique du ruisseau des Trois Chevaliers. Cette étude, financée par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, le Département du Doubs et Grand Besançon Métropole a été confiée à la Fédération du Doubs pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique.  

Un objectif : définir l’état de conservation biologique du cours d’eau et réfléchir, le cas échéant, à la mise en place de procédés de restauration afin de reconquérir un fonctionnement optimal de l’écosystème. Les premiers résultats sont malheureusement sans appels : les édifices biologiques du ruisseau, poissons et invertébrés (insectes, crustacés, mollusques, etc …) sont menacés de disparition.

Truite, chabot et vairon ont d’ores et déjà déserté le ruisseau. Seul un petit poisson appartenant au peuplement originel, la loche franche y subsiste envers et contre tout (cf. encadrer).

Côté invertébrés aquatiques, les principaux représentants des groupes les plus sensibles (plécoptères, écrevisses pieds-blancs) ont disparu.

La seconde étape du diagnostic a été de comprendre pourquoi l’on observait des peuplements de poissons et d’invertébrés dans un si mauvais état de conservation.

Pour ce faire, de l’eau et des sédiments vaseux ont été prélevés sur le ruisseau. Les analyses révèlent un certain nombre de molécules présentent dans des proportions non naturelles, les concentrations relevées ici ne sont toutefois pas suffisantes pour expliquer le déclin des poissons ou des invertébrés aquatiques. Il fallait donc chercher ailleurs.

Et c’est du côté de l’intérêt morphologique du cours d’eau et la qualité des habitats aquatiques que la réponse a été trouvée.

Ainsi sur certains secteurs les substrats (graviers notamment) et les vitesses de courant rapides nécessaires à la reproduction de la truite, du chabot ou du vairon ont totalement disparu du ruisseau. Les cachettes pour les poissons sont également peu représentées. Le cours d’eau apparait incisé, enfoncé dans son lit et surélargi. Sur certains secteurs, il est rectiligne alors que la pente de la vallée tendrait à développer un cours d’eau à méandre.

Les invertébrés, vivants essentiellement dans les graviers et les galets, ne trouvent qu’un substrat colmaté de matières fines. Un cours d’eau ne présente pas naturellement cette tendance.

On sait maintenant pourquoi les poissons et les invertébrés se font rares sur le ruisseau, mais le diagnostic ne sera complet que lorsque l’origine de ces observations et dysfonctionnements aura été cernée. Lors de cette étape, il aura fallu consulter plusieurs dizaines de documents d’archives datant du XVème siècle à nos jours, des centaines de pages à éplucher…

Les conclusions sont sans équivoque : l’état morphologique actuel du ruisseau et la fragilité des cortèges biologiques ne sont que la résultante de plusieurs siècles de développement du territoire et d’aménagement du ruisseau.

Intérêt de l’habitat du ruisseau pour la faune aquatique.

Le ruisseau des Trois Chevaliers a été rectifié, mis au droit, déplacé, perché hors de son fond de vallée, endigué, creusé, élargi, aménagé, détourné. Des secteurs du bassin versant et riverains du ruisseau ont été drainés pour évacuer l’eau rapidement. Aujourd’hui les conséquences sont palpables, il en va de la pérennité des écoulements de surface sur certains tronçons du ruisseau, qui plus est dans un contexte de sécheresses toujours plus accrues : le ruisseau des Trois Chevaliers est probablement en sursis. Les aménagements du passé font, qu’aujourd’hui, le ruisseau fonctionne mal, les grands mécanismes assurant la pérennité des écoulements sont menacés.

Les Trois Chevaliers, ce n’est pas que des poissons qui disparaissent ou quelques insectes aquatiques, ce sont aussi des boisements qui en pâtissent. A terme, les oiseaux et les mammifères suivrons ce mouvement. Ils se jouent discrètement ici l’avenir, des peuplements forestiers ou des milieux humides qui quand ils fonctionnent stockent 3 fois plus de carbone qu’une forêt et évidemment, de la ressource en eau locale.

Le tableau dépeint n’est pas rose et il est malheureusement aujourd’hui l’apanage de la grande majorité des cours d’eau de notre département et, plus largement, de France.

La fatalité ne doit néanmoins pas nous gagner et le potentiel de restauration est encore présent. Des solutions efficaces, efficientes et durables dans le temps existent afin de restaurer le ruisseau des Trois Chevaliers, son bassin versant et l’ensemble des services essentiels que cet ensemble nous rend discrètement. Elles ont été testées et on fait leurs preuves. Ces solutions sont à notre portée, les volontés politiques sont là et les financements disponibles. Il ne nous suffira que d’un peu de détermination et de concessions des uns et des autres localement. Une restitution publique de l’ensemble de cette étude sera organisée dans le courant du printemps 2025 afin d’envisager ces solutions.

Pour plus d’informations, témoignages ou documents liés au ruisseau :

Thomas GROUBATCH

Fédération du Doubs pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique

tgroubatch@federation-peche-doubs.org   –   06.42.73.20.03 –  www.federation-peche-doubs.org


La Loche

La loche franche, en latin barbatula barbatula, tire son nom de la présence de barbillons bien visibles sur le pourtour de sa gueule. Ils sont présents au nombre de 6 chez cette espèce. La taille de la loche n’exède guère 10 à 12 cm. La robe de ce petit poisson est délicatement marbrée et sa peau est très soyeuse au toucher. Son espérance de vie atteint quand à elle une petite dizaine d’années. Vous ne la verrez pas facilement car elle vit la plupart du temps cachée sous les pierres ou dans des abris constitués par les systèmes racinaires des arbres en berge. Elle se nourrit de petites larves d’insectes aquatiques (larves de moustiques et de petites mouches) et de crustacés comme les gammares (une sorte de minuscule crevette), qu’elle détecte avec ses barbillons en fouillant les fonds du ruisseau. La loche est en contact permanent avec le fond du cours d’eau, ses éléments minéraux (graviers, galets) mais également les matières fines et sédiments organiques (débris végétaux en décompositions, vases, …). C’est un très bon indicateur de la qualité des sédiments organiques car les substances toxiques de synthèses (hydrocarbures, pesticides, …) ont tendance à venir se fixer à leur surface. Si la loche franche est ainsi présente en quantité dans un ruisseau, on peut penser que les sédiments de celui-ci sont plutôt sains. En revanche lorsque que le poisson est présent de manière trop abondante, c’est le signe de la trop grande importance de matières organiques dans le ruisseau. Tout est question d’équilibre !


Habrophlebia, un Ephéméroptère relique des temps préhistoriques encore présent dans le ruisseau des Trois Chevaliers !

La Larve ©observation.org

Les Ephéméroptères correspondent à un ordre d’insectes dont les larves sont exclusivement aquatiques. Ils constituent l’un des groupes les plus anciens et sont connus depuis le Carbonifère, cette période s’étalant de -359 à -299 millions d’années. Appartenant à la famille des Leptophlebiidae, la larve d’Habrophlebia ne dépasse pas une petite dizaine de millimètres. Elle porte, latéralement, sur son abdomen, 7 paires de branchies constituées de 2 lames prolongées par une dizaine de digitations. Cet organe lui permet de respirer efficacement sous l’eau. Durant sa phase larvaire, la bestiole suit un régime alimentaire détritivore, ce nourrissant de débris organiques (feuilles, brandilles, animaux morts, etc…). Elle occupe les zones supérieures des cours d’eau. La larve quitte le milieu aquatique et se transforme en imago, la forme adulte qui s’envole, et nourrie abondamment au passage les oiseaux et les chauves-souris. L’imago ne s’alimente pas et n’a d’autre but que celui de se reproduire. Elle vit quelques heures à quelques jours d’où sa dénomination : éphémère.

Adulte aérien ©observation.org

La qualité d’un peuplement invertébré, déduite de la sensibilité aux pollutions des groupes qui le compose, de leur diversité et de leur densité, permet de définir l’état de conservation d’un cours d’eau et de cerner son fonctionnement. Les méthodes d’étude basées sur les invertébrés sont développées depuis le milieu du XXème siècle. La méthode la plus connue et servant de base aux méthodes actuellement utilisées partout en France a été développée dans les années 70 par le professeur Jean Verneaux du laboratoire d’hydrobiologie de l’université de…. Besançon !